Un rai de lumière se faufile, tout doucement sur tes traits, transfigurés. Le masque se fissure pour laisser transparaître la lumière tant attendue, celle qui a toujours été là mais que tu ne voulais pas voir. C’est beau un être en pleine métamorphose. Plus tout à fait hier mais pas encore demain. Un beau « présent » que la vie t’a offert. S’autoriser. A vivre, à profiter, pleinement. Oui, tu en as le droit. C’est toi. C’est triste parfois de voir l’ancien s’évanouir, il coule toujours dans tes veines mais cette fois le nectar le transmute, instant après instant.
Comme une mue géante, je vois des couches et des couches de toi fondre. Cela me rappelle les filtres de l’ophtalmologue. A chaque passage, la vue s’éclaircit. La clarté apparaît et avec elle la netteté. L’œil discerne maintenant les contours de ce qu’il croyait être auparavant un épais nuage noir. Il entrevoit le rayon, s’en étonne… On a envie de pleurer parfois lorsque l’éclair nous traverse. Pleure mon ami… C’est le nuage qui se dissout. Là, juste en dessous, je vois poindre celui qui est. Sans ornement ni facéties. Ton visage expire peu à peu ses fards pour se révéler, nu, authentique. J’aime ce visage. Je le connais. Depuis longtemps… C’est celui du fond, emboîté dans le cœur comme la plus cadette des poupées russes. Avant, il fallait se retourner pour le voir. Mais moi, c’est ce que j’ai vu en premier.